Gants ou mitaines ?
Source : Marie Tison, La Presse, publié le 23 décembre 2019 à 9h30
Enfin, la saison des sports d’hiver est de retour. C’est le temps de passer en revue l’amas de mitaines et de gants entassés pêle-mêle au haut de la garde-robe. Il faut remettre en couple les mitaines ou gants esseulés et essayer de se rappeler quelle paire était idéale pour le ski de fond, la raquette, le patinage ou l’escalade.
La première question à se poser est fondamentale : gants ou mitaines ? Pour y répondre, il y a quelques principes de base, mais il y a aussi beaucoup de préférences personnelles.
« Un des gros avantages des gants, c’est la dextérité, rappelle Renée-Claude Bastien, guide d’aventure et coordonnatrice du programme de guide de tourisme d’aventure au cégep de Saint-Laurent. Dès qu’on doit faire des manipulations, c’est avantageux d’avoir des gants. Mais quand on veut être au chaud, c’est nécessairement la mitaine qui l’emporte. »
C’est une question de design : dans une mitaine, les doigts sont gardés ensemble et peuvent donc partager leur chaleur.
« Dans un gant, chaque doigt est dans son petit manteau alors que dans une mitaine, les quatre doigts sont dans un manteau commun, observe Mme Bastien. Donc, c’est plus chaud. »
Il existe des gants-mitaines qui essaient d’offrir les avantages des deux : la moitié inférieure des doigts est protégée par des enveloppes individuelles alors qu’un rabat commun protège le bout des doigts. En retirant le rabat, on retrouve une plus grande dextérité.
Lorsqu’elle fait des activités à l’extérieur, Renée-Claude Bastien privilégie des mitaines ou des gants légers. Elle enfile de grosses mitaines bien chaudes lorsqu’elle s’arrête pour le dîner ou pour s’installer en camping d’hiver.
« Comme tu n’es plus en mouvement, le corps n’est plus en production de chaleur », explique-t-elle.
Il faut veiller à ne pas porter des mitaines ou des gants trop chauds lors d’activités aérobiques, comme le ski de fond ou la raquette. Les mains risquent de trop transpirer et de mouiller les mitaines, qui deviendront glaciales à la première pause.
Le multicouche
Renée-Claude Bastien favorise un système multicouche : un petit gant léger, un gant plus important et un couvre-gant ou un couvre-mitaine qui peut bloquer le vent et les intempéries. Elle enlève ou remet des couches selon les conditions.
On peut utiliser ce système dans pratiquement tous les sports d’hiver, y compris le vélo à pneus surdimensionnés (fat bike) et le kayak de mer d’hiver.
« En fat bike, on peut avoir des moufles intégrées au guidon, note Mme Bastien. À l’intérieur, on peut mettre des gants plus légers. C’est la même chose pour le kayak de mer : on peut utiliser des moufles qu’on attache directement sur la pagaie en plus de petits gants en néoprène. »
Certains sports nécessitent une attention particulière lorsque vient le temps de choisir un type de gants ou de mitaines, comme l’escalade de glace.
« Souvent, les gens ont froid aux doigts parce qu’ils doivent tenir un piolet pendant une longue période de temps, les mains surélevées, indique Dominic Asselin, fondateur d’Attitude Montagne et guide de montagne. Mais souvent, ils font une erreur en choisissant de trop gros gants : ils doivent “forcer” contre le gant pour fermer la main et ainsi bien tenir le piolet. Ça vient couper la circulation et ainsi, ils gèlent davantage. »
Il faut donc choisir un gant suffisamment mince pour pouvoir fermer le poing tout en étant suffisamment chaud.
En escalade de glace tout comme en alpinisme, il faut souvent faire des manipulations fines. Il faut donc quelque chose d’assez souple pour permettre une grande dextérité. Les mitaines ne fonctionnent pas très bien pour cela. Ça devient un enjeu de sécurité.
Lui-même a commencé à expérimenter les gants chauffants, ce qui lui semble une option intéressante. Il s’agit toutefois d’une pièce d’équipement assez chère.
Les sachets chauffe-mains
Dominic Asselin fait cependant valoir que quelqu’un qui s’achète des sachets chauffe-mains pour chacune de ses sorties d’escalade de glace finira par payer presque autant que pour une paire de gants chauffants. Sans compter le fait que les chauffe-mains peuvent nuire à la dextérité.
Pour sa part, Renée-Claude Bastien ne favorise pas les chauffe-mains.
« Ça pollue, soutient-elle. Les gens utilisent ça pendant l’hiver et lorsque la neige fond, on retrouve ces sachets un peu partout sur les sentiers. On fait un grand plat au sujet de l’utilisation des pailles et des sacs de plastique et voilà qu’on utilise quelque chose qui n’offre que peu de chaleur et qui coûte cher à l’environnement. »
Selon elle, les chauffe-mains et les gants chauffants ne servent qu’à traiter les symptômes d’un problème, et pas le problème lui-même. Quand on a souvent froid aux mains et aux pieds, il faut regarder du côté de ce qu’on mange et de ce qu’on boit.
« Parfois, on pense qu’on a froid parce que notre équipement n’est pas adéquat, mais en fait, on se rend compte qu’on n’a pas assez bu dans la journée, affirme Mme Bastien. On est déshydraté, le sang circule moins bien, le corps essaie de protéger les organes les plus importants, le cœur, les poumons, et va donc fermer les vaisseaux sanguins des extrémités. »
Il faut donc boire beaucoup… et ne pas s’empêcher d’aller uriner.
« Lorsque notre vessie est pleine, le corps doit garder l’urine à 37 degrés, comme le reste, explique Mme Bastien. Dès qu’on va uriner, l’énergie qui servait à chauffer notre urine est excédentaire et peut se répartir à travers le corps. »