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L’Harricana à la pagaie sur les traces des Anishinabek

Par France Lemire

La rivière Harricana, l’une des plus longues rivières canadiennes, prend sa source dans les lacs Blouin, De Montigny, Lemoine et Mourier près de Val-d’Or et se jette dans la Baie-James. Au nord de la ville d’Amos, un tronçon de la rivière comptant 40,9 kilomètres sur les traces des Anishinabek constitue un véritable délice.

Votre périple débute dans la splendide marina de la ville d’Amos. Vos premiers coups de pagaies vous propulsent dans un environnement urbain au cœur de cette ville centenaire. Dans un cadre enchanteur, vous pagayez à proximité d’une magnifique fontaine qui émerge de la rivière, passez sous le nouveau pont Desmarais au centre-ville et admirez au loin l’unique architecture de style romano-byzantin de la cathédrale Sainte-Thérèse d’Avila, lieu de culte des catholiques érigé en 1922.

Un agréable premier rapide de classe R1 met fin à cette douce traversée urbaine. Dans un environnement champêtre, vous glissez sur une portion aux rives abritées par de nombreuses maisons et bâtiments jusqu’à la réserve amérindienne algonquine de Pikogan situé en amont du rapide du même nom.

Un arrêt dans la communauté s’impose pour étirer le plaisir. Quelques pas de marche sont nécessaires pour atteindre l’église Sainte-Catherine de Pikogan construite en forme de tipi en 1967 et arborant une décoration intérieure réalisée par les artisans locaux selon des savoirs faire traditionnels. Au sous-sol, une exposition permanente relatant l’histoire prolifique des Abitibi8innik vous amène à saisir l’importance de la rivière Harricana pour ce peuple occupant les lieux depuis plus de 6000 ans.

L’esprit joyeux, vous regagnez la rivière avec l’option de portager votre embarcation sur 140 mètres dans un sentier traversant un campement autochtone ou dévaler le rapide pour une bonne dose de plaisir.

Vous pagayez plus d’une dizaine de kilomètres dans un décor semi-sauvage avant d’atteindre un troisième et dernier rapide nommé Ka Kinwatciwanak (le long rapide). Cette partie tumultueuse se dévale avec émotion sur 335 mètres. Un portage de 400 mètres à travers la forêt qui borde le rapide à votre droite demeure une option possible pour les moins téméraires.

C’est à la sortie des remous sur votre gauche que vous rejoignez votre campement pour une première nuit bien emmitouflé en forêt à l’abri du vent.

Au soleil levant, vous regagnez l’eau pour atteindre après quelques coups de pagaies le fameux et impressionnant pont couvert Émery-Sicard de Saint-Maurice-de-Dalquier, le plus long en Abitibi-Témiscamingue mesurant 216 pieds de long. Une fois traversée, vous apercevez un site équipé d’une rampe de mise à l’eau en béton, de tables de pique-nique couvertes et d’une toilette sèche bordant la rivière à votre droite.

Ce parcours pagayable sur cette majestueuse rivière se situe en forêt boréale dans le domaine de la sapinière à bouleau blanc comprenant, entre autres, du cèdre, de l'épinette blanche et noire, du sapin baumier, du tremble et du bouleau. Le nom Harricana est un dérivé du nom algonquin Nanikana, signifiant « La voie principale ». Le nom d’origine fut déformé par les missionnaires de l’époque qui apprenaient la langue algonquine au son. D’autres sources affirment que ce nom est d’origine algonquine et signifie rivière aux biscuits. Le terme biscuits désigne les nombreux galets de forme plate et artistique que l’on retrouve sur certaines rives de la rivière.

La portion qui suit vous plonge dans une zone marécageuse et sauvage propice aux rencontres fortuites avec la faune généreuse qui peuple la place. Celle-ci comprend, canard noir, martin-pêcheur, grand héron, grand pic, porc-épic, écureuil roux, castor, rat musqué, lièvre, belette, martre, vison, mouffette rayée, loutre, orignal, ours noir, loup gris, coyote, renard roux et lynx.

Au cœur de ce secteur marécageux se trouve un des campements traditionnels des Abitibi8innis. Des structures prêtes à accueillir un tipi et une tente prospecteur, une toilette sèche et une table de pique-nique meublent ce site qui invite à la pause, histoire de se dégourdir un peu les jambes.

À nouveau sur l’eau, quatre kilomètres bien comptés permettent d’atteindre le lac Obalski. Les Algonquins de Pikagan appellent ce lac Acaho Mozwan, ce qui peut se traduire par « l'endroit où l'on fait le guet de l'orignal ». Une petite île idyllique se trouve à mis chemin entre la rive nord et la rive sud du plan d’eau. Elle abrite un spacieux camping sauvage sur le haut d’une petite colline. Après un copieux souper, rien de mieux pour terminer sa journée en beauté que de relaxer les yeux rivés sur un feu de camp sous un ciel saupoudré d’étoiles. Une fois sous la tente, le sommeil vous assomme rapidement, l’esprit libéré à mille lieues des tracas de la vie quotidienne.

Le jour suivant, vous rebroussez chemin sur 12 kilomètres pour regagner la rampe de mise à l’eau près du pont couvert où vous avez laissé une deuxième voiture avant de vous lancer à l’aventure. Le cœur légé, vous vous promettez de revenir vivre l’expérience accompagné d’un guide algonquin.

L’entreprise Bercé par l’Harricana de la communauté de Pikogan offre le segment de façon guidé et la location de canots. Pour plus d’information, visiter le site Internet de la communauté.